PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7679 Age : 73
Sujet: AX. Une vaillante petite révolutionnaire Mar 25 Oct - 19:00
Même si elle n’aura jamais l’aura d’une Traction ou d’une 2 CV, la petite AX, désormais loin dans les mémoires, mérite bien l’hommage d’un article sur le forum. Elle a, pour Citroën, marqué le point de départ d’une nouvelle manière de concevoir l’automobile. Ses lignes aérodynamiques et son habilité exceptionnelle, ses performances et sa sobriété, ses multiples versions propres à satisfaire une vaste clientèle, ont permis à Citroën de réussir son entrée dans un segment du marché où de nombreux constructeurs européens se livraient déjà une lutte sans merci.
La genèse 1985. Entre la 2 CV, désormais trop minimaliste, et la Visa qui n’intéresse plus qu’une clientèle d’âge mur, la gamme Citroën présente un trou qu’il devient urgent de combler. Impossible en effet pour Citroën de ne pas être présent dans ce fameux segment B2, celui des petites voitures polyvalentes qui, cette année-là, représente 28,5% des immatriculations en Europe et culmine à 40% aussi bien en France qu’en Italie.
Fort heureusement, Citroën n’est pas pris de court puisque, dès 1981, a été lancé le projet d’un nouveau véhicule pour sa gamme basse. Tous ceux qui sont appelés à travailler sur la future AX, qui ne porte encore qu’un nom de code, 59, peuvent s’appuyer sur des études de marché et des enquêtes de motivation poussées, ainsi que sur toutes les données acquises grâce au programme ECO 2000, riche d’enseignement en ce qui concerne les économies d’énergies par l’aérodynamique des formes, la réduction des masses et l’optimisation des moteurs.
Manque d’audace ? Ce sont donc les enquêtes poussées, effectuées parmi la clientèle potentielle du segment B2, qui vont guider les recherches des dessinateurs du Style Citroën. Dès que les premiers plans d’implantation leur parviennent, ils se lancent dans la réalisation d’un nombre impressionnant d’esquisses, avec une motivation d’autant plus grande que des cabinets de design extérieurs ont été également consultés.
Leur tâche est rude puisque la “59” doit se situer au point d’équilibre entre des valeurs aussi antinomiques qu’économie et performances, tenue de route et confort, espace intérieur maximum et encombrement minimum.
Ces deux derniers impératifs vont d’ailleurs amener le Style à s’intéresser de très près à une carrosserie de type monocorps. Mais les enquêtes de marketing révèlent bien vite que cette formule ne plaît pas à la clientèle d’alors, qui est beaucoup plus favorable à une classique solution bicorps (un volume pour le compartiment moteur et un autre pour l’habitacle incorporant la malle).
La maison Citroën a-t-elle eu raison de suivre à la lettre les consignes de ses spécialistes en marketing ? A-t-elle alors manqué d’audace ? N’aurait-elle pas fait œuvre de précurseur et respecté en cela son éternelle volonté d’innover en nous offrant, 6 ans avant la Twingo de Renault, la première petite berline monocorps (dont les prémices existaient avec l’Eco 2000) ?
Toujours est-il qu’après une lutte acharnée entre le Style Citroën et les consultants extérieurs, l’heure est enfin venue de retenir un projet parmi les nombreuses interprétations qui ont été faites de la future AX.
Déclinaison du prototype Citroen AX destiné à remplacer la Samba chez Talbot
ZA 1980 HEULIEZ
Ce choix est confié à un échantillon de 200 personnes soigneusement sélectionnées par la direction du marketing... et c’est le Style Citroën qui l’emporte !
Une habilité maximale Les lignes définitives de l’AX sont désormais pratiquement figées, et pourtant le travail des stylistes ne fait que commencer. Il leur faut d’abord améliorer point par point le coefficient de pénétration dans l’air (Cx) du véhicule afin de le rendre le plus performant possible. Ils tendent les lignes, modifient le bouclier pour le rendre plus enveloppant et favoriser ainsi la pénétration dans l’air, allongent légèrement le capot moteur, réétudient les poignées de portes et suppriment les gouttières de toit. C’est le fruit de ces multiples retouches qui vont permettre à l’AX d’offrir un CX de 0,31, une valeur exceptionnelle pour un véhicule de ce gabarit.
Parallèlement, les responsables du style intérieur cherchent à donner à la future AX une habitabilité maximale et planchent avec énergie sur les objectifs qui leur ont été fixés, des objectifs qui concernent aussi bien l’ergonomie, l’esthétisme et le confort de l’habitacle que tous les côtés pratiques qu’il se doit d’offrir.
Toujours poussés par la même volonté d’offrir à l’AX une sobriété exemplaire en même temps que des performances de haut niveau, les ingénieurs spécialisés dans la carrosserie se lancent dans une impitoyable chasse aux kilos superflus sous l’impulsion de leur responsable qui leur a fixé un véritable défi : il faut que nous ne dépassions pas de plus de 100 g. le poids de la carrosserie, de 640 à 695 kg. selon les versions, soit 100 kg. de moins que la moyenne de ses concurrentes. Ils y parviendront au gramme près !
Légère et robuste Cette chasse au poids s’appuie sur les moyens de calculs les plus modernes et les plus puissants tels que la conception assistée par ordinateur (CAO) et le maillage qui est une méthode de calcul par éléments finis. Ces précieux auxiliaires vont permettre par exemple de définir des épaisseurs de tôle différentielles selon les contraintes qu’elles vont être amenées à subir. Pour obtenir au final une structure de caisse à la fois légère et robuste, il aura fallu 250. 000 heures d’études pendant trois ans et demi, auxquelles il faut rajouter 3. 500 heures réservées au calcul et à l’optimisation de la structure, plus quelques 3. 000 heures d’essais.
Pour d’évidentes raisons d’encombrement, les différentes motorisations, des 4 cylindres refroidis par eau du groupe PSA que l’on retrouvait déjà sur les Visa, LNA, 104 et 205, sont montés en position transversale et directement fixés à la caisse, ce qui économise un berceau généralement aussi lourd que volumineux.
Afin de donner aux aérodynamiciens et aux stylistes une plus grande liberté, il est décidé que ces moteurs subissent une inhabituelles rotation de 180°. Le carburateur, qui est le point le plus haut du moteur, se retrouve ainsi à l’arrière, ce qui permet une plongée beaucoup plus accentuée du capot. La boîte de vitesses, entièrement nouvelle, est plus légère de 4 kg. que celles des BX, et sa conception autorise un montage entièrement automatisé.
Quant aux suspensions, elles font appel à des solutions éprouvées (pseudo Mac-Pherson à l’avant, bras tirés à l’arrière) mais le soin apporté à leur étude va permettre à l’AX de perpétuer sans problème la tradition Citroën en matière de confort et de tenue de route.
Production et lancement 8 mois avant son lancement, une première présérie de 20 AX est assemblée. Elle sera suivie d’une deuxième présérie de 30 voitures dont l’assemblage fera intervenir quelques opérations automatisées, puis, enfin, à trois mois de la date fatidique, par une troisième et dernière présérie de 200 voitures, assemblées, elles, avec l’aide de tous les moyens qui vont être mis en œuvre pour la production en série.
C’est à l’usine d’Aulnay, opérationnelle depuis 1973, mais dont les installations ont été spécialement adaptées à des méthodes de construction ultramodernes, que sera assemblée l’AX.
Les pièces mécaniques sont réalisées dans les différentes usines du groupe : les moteurs à Douvrin, les boîtes de vitesses à Metz, les liaisons au sol à Caen et les pièces de fonderie à Charleville-Mézières. La carrosserie est emboutie à l’usine de Rennes, d’où vont provenir également portes, capot, robe et câblerie.
Tous ces éléments convergent à Aulnay où, dans l’atelier d’assemblage des carrosseries, toutes les pièces embouties de l’AX sont soudées automatiquement par un nombre important de robots qui se chargent des 1. 867 points de soudure qui unissent bloc avant, plate-forme, soubassement, panneaux de côté et ensemble de la carrosserie. Cet atelier de 24. 000 m2 sera capable de produire environ 65 véhicules à l’heure.
En attendant, c’est en juin 1986 que démarre la fabrication en série de l’AX qui sera présentée à quelques 600 journalistes de la presse spécialisée internationale en août de la même année. La campagne publicitaire qui va faire parler d’elle longtemps, ainsi que le lancement commercial de l’AX, se font à l’occasion du Salon de l’Automobile de Paris en octobre 1986.
La gamme Le jour de sa commercialisation, le 16 septembre 1986, très exactement, la nouvelle Citroën se présente donc sous la forme d’une compacte berline 5 places de 3,50 m. de longueur dont la carrosserie n’est (pour l’instant !) disponible qu’en 2 portes avec hayon. Les 6 versions disponibles sont définies par 3 motorisations et 4 niveaux de finitions.
Tous les essayeurs de la presse spécialisée qui ont eu l’occasion de prendre le volant des différentes versions de l’AX s’accordent pour lui reconnaître de très nombreuses vertus : ils apprécient son esthétique à la fois moderne et sympathique, sa tenue de route, sa maniabilité et sa vivacité. Une vivacité que l’AX doit en grande partie à sa légèreté dont la “quête” a sans doute été poussée trop loin en ce qui concerne la planche de bord. Si son dessin et son ergonomie ne souffrent pas la critique, il n’en va pas de même quant à l’aspect et à la jointure des éléments qui la composent.
Celle-ci est revue en 1994 se rapprochant ainsi du Style Visa
Heureusement, l’habitacle se rattrape par l’agréable sentiment d’espace qu’il dégage et par la multitude de volumes de rangement offerts, dont les plus originaux sont les deux évidements ménagés dans les contre-portes et pouvant accueillir bouteilles et thermos.
Toujours est-il que tout le monde s’accordait pour prédire une longue carrière à l’AX... et pour réclamer déjà de nouvelles évolutions dont la plus attendue était certainement une version 4 portes avec hayon qui permettra à Citroën de rallier à sa cause les automobilistes pétris de sens pratique !
En 1988 la version 5 portes de l'AX arrive et sonne le glas de la 2CV, déjà condamnée par les normes anti-pollution et sa très faible résistance au crash test. Finalement, en juillet 1990, la production de la 2CV qui n'était plus produite qu'au Portugal dans l'usine de Mangualde cesse, laissant donc la place à l'AX. La gamme commence à s'élargir pour pouvoir s'attaquer aux reines de la catégorie : la 5 (SuperCinq), la Peugeot 205, la Fiat Uno ou la Volkswagen Polo.
Si l'apparition du modèle remonte à 1986, ce qui n'est pas récent, le restylage survenu en été 1991 (pour le millésime 1992) lui a redonné un second souffle commercial.