1984 - Exposé sur le véhicule Citroën ECO 2000, l'innovation dans l'automobile
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PTIOTECARETE Admin
PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7675 Age : 73
Sujet: 1984 - Exposé sur le véhicule Citroën ECO 2000, l'innovation dans l'automobile Mar 3 Avr - 14:01
Le programme Eco 2000 Citroën a suivi le programme VERA initié en 1979 par l'Agence aux Economies d'Energie et qui a constitué un premier pas avec des résultats remarquables.
Moins de 4 litres aux 100 km, c'est une bonne performance aujourd'hui. Dans les années 80, les constructeurs français arrivaient déjà à ces chiffres sur des concept-car. Ils ne sont pas restés sans suite puisque le concept Citroën a donné naissance à l'AX, championne de la consommation à l'époque.
LES EFFORTS pour fabriquer des voitures à la consommation réduite ne datent pas d’hier. Actuellement, ce sont les préoccupations environnementales (et plus particulièrement les mesures fiscales telles que le Bonus écologique) qui accélèrent cette tendance. Dans les années 70, ce sont les chocs pétroliers qui ont fait office de détonnateur. Le premier choc de 1973 a changé les habitudes des consommateurs, le diesel qui était jusque là marginal suscite un intérêt soudain. Parallèlement, les projets de voiture ultra économe se multiplient. Epaulés par l’AFME (l’agence de maitrise de l’énergie de l’époque, aujourd’hui appelée ADEME) les constructeurs français vont présenter quatre concept-car champions de la consommation. - La Renault EVE (Elements pour une Voiture Econome) en 1980. Elle est repose sur une R18 - La Peugeot Vera est elle aussi basée sur un modèle de série, la 305. - La Renault Vesta (Véhicule Econome de Systèmes et Technologies Avancées). Le prototype Vesta 2 n'aura pas descendance directe dans la gamme Renault, contrairement au projet de rival de Citroën. - La Citroën Eco 2000 qui inspirera l'AX sortie en 1986. L’Eco 200 est présenté au Mondial de Paris en 1984. Il est équipé d'un 3 cylindres diesel de 35 chevaux (d'origine Fiat) et ses 480 kg lui ont permis d’afficher une consommation moyenne de 3,5 l/100 km. L’AX, dans va version diesel, en tira profit avec une consommation moyenne sous les 5 litres.
La maquette d'un prototype " Eco 2000 " pour Citroën conservée chez Heuliez. Heuliez fut très impliqué dans le projet Eco 2000. Celui ci était le fruit du programme gouvernemental " 3 litres au cent " lancé au début des années 80. Au delà de cette maquette, une vraie Eco 2000 roula effectivement et passa avec succès des tests d'homologation à l'UTAC de Montlhéry (Voir article ci-dessous).
Maquettes de prototypes Eco 2000 : il y a eu 4 prototypes différents: Sa 103, 109, 117 et SL 10 ...
L'unique Citroën Proto SA 117 de 1983
SA 103 - 1984
SA 109 - 1984
SL 10 - 1984
Pour amener des photos moins connues du prototype roulant SA 109, j'ai du piocher dans un article de l'Auto Journal.
1985 : LA VOITURE D'AUJOURD'HUI LACHEE DANS LA RUE, avec vingt ans d'avance ! Citroën Eco 2000
Le 15 janvier 1985, les acheteurs de l'Auto-Journal purent non seulement découvrir les prototypes de deux des futures stars du segment des voitures moyennes, que l'on n'appelait pas encore Peugeot 309 et Renault 21, mais également en page 38, avec surprise - puisqu'elle n'apparaît pas même en annonce sur la couverture, mais seulement par une simple petite ligne dans le sommaire - une petite auto révolutionnaire lâchée dans la rue et conçue par Citroën, qui la montrait au Salon de Paris 1984. C'était l'Eco 2000, le prototype...
DEMAIN ? C'ETAIT DEJA HIER !... Les aventures d'un prototype Citroën en liberté !
Lequel d'entre nous n'a jamais rêvé de surgir sur le champ de bataille de Waterloo aux commandes d'un char léger, de saluer de la main Christophe Colomb en le doublant, à la barre du grand multicoque de Tabarly, ou encore d'allumer un lecteur de cassette hifi débordant de Sydney Bechet, au nez et à la barbe - sans oublier les oreilles... - de Jean-Baptiste Rameau ?
En vérité, la tentation de monter le temps en mayonnaire a toujours été grande, le mélange du passé, du présent et du futur étant censé constituer un cocktail aussi explosif que celui de Monsieur Molotov, tout au moins sur le plan intellectuel. Hélas, il faut le reconnaître, la recherche du temps, qu'il soit perdu ou encore à venir, a rarement dépassé le stade de la théorie, surtout si l'on se tourne vers ses lendemains qui, en dépit d'affirmations quelque peu fallacieuses, ne semblent pas tous particulièrement chantants. Autant il paraît aisé - enfin, si l'on veut - d'enfiler pour quelques heures une armure d'un chevalier contemporain de Bouvines, autant il est vain d'espérer se vêtir aujourd'hui à la mode de 1995, à moins de donner dans la fiction plus ou moins scientifique qui, quoique peu appréciée en France, fait néanmoins rêver de par le monde des dizaines de millions d'esprits sans doute peu cartésiens. Et cependant, j'ai eu dernièrement le privilège de jouer les explorateurs du devenir. En termes plus clairs, l'occasion m'a été donnée, une journée durant, de prendre le volant d'une voiture de demain - voire d'après-demain - et de la promener dans le présent de mes contemporains, au risque de semer la confusion, à la fois dans les esprits et la circulation.
On s'en souvient sans doute, la maison Citroën a présenté au salon dernier son prototype "Eco 2000" après l'avoir d'ailleurs présenté quelques semaines auparavant à la presse sur ses pistes particulières de la Ferté-Vidame. L'étude de ce passionnant petit véhicule a coûté fort cher : près de 350 millions (de francs) dont 50% ont été fournis par l'Etat au titre de l'encouragement aux études concernant l'économie d'énergie. Au reste, cette petite berline monocorps - c'est à dire sans capot ni malle protubérants - a été étudiée en quatre versions, la cinquième étant actuellement en cours de réalisation (?). Mais, jusqu'à présent du moins, jamais cet engin extrêmement original n'avait été lancé sur la voie publique et livré aux regards profanes. Dans ces conditions, l'opération "portes ouvertes" à laquelle je me suis livré constitue indéniablement une "première" en ce sens que les constructeurs n'ont guère l'habitude de prêter leurs protos à un journaliste, la valeur estimée du présent véhicule étant de l'ordre de 200 millions de centimes (d'avant l'euro). Exemplaire unique oblige !...
Quelque part en France, sur le plateau de Langres pour être précis, une petite ville de 8000 habitants, huit heures et demie du matin... L'oeil encore embrumé, quelques centaines d'automobilistes passablement engourdis, sans doute par le ciel bas, font ce qu'ils peuvent pour créer un encombrement digne d'une métropole régionale, et, mon Dieu... ils y parviennent fort bien ! Mais, tout à coup, voici qu'au sein de cette grisaille surgit une apparition inattendue... la guerre des étoiles un jeudi matin de novembre ! Les yeux s'écarquillent en même temps que les mentons tombent sur la poitrine... En fait, c'est moi qui suis le responsable de cette confusion... moi ou plus précisément, la voiture dont je tiens le volant. Voici l'Eco 2000 lâchée en liberté dans le trafic matinal. La légèreté, en constraste des silhouettes pataudes qui la cernent... Une fenêtre s'ouvre inopinément sur l'avenir. Je passe devant les affiches qui annoncent une prochaine conférence de Jean-Claude Bourret sur les OVNI. Le sympathique présentateur de TF1 remportera un énorme succès. Près d'un habitant sur dix ira l'entendre à la Salle des Fêtes locale et après tout, peut-être suis-je un peu responsable de ce triomphe, pour avoir auparavant baladé dans les rues du pays ma soucoupe volante personnelle ?
Pendant que les regards se fixent et que les index se tendent, je passe et traversant la ville, je me dirige vers la forêt, à l'orée de laquelle se tient une grande ferme isolée. Le père et ses trois fils se battent avec une exploitation agricole et tous les quatre s'intéressent à tout ce qui roule, le cadet ayant même construit le premier "tractosaure" français, un effrayant monstre de métal, mû par deux V12 Jaguar, et destiné à tirer, dans le cadre d'originales compétitions, une charge de plus en plus énorme, supportée par un grand et lourd traîneau.
Dans la cour de la ferme, l'Eco n'en revient pas. Capot et portières ouverts, elle n'est plus examinée par des techniciens mais par des professionnels de l'évaluation... Elle se sent pesée et soupesée à l'égale d'une bonne laitière ou d'une terre grasse, et l'examen n'est pas tendre. Le père bougonne, le cou tendu par dessus le capot : "_ Oui... C'est bien du Citroën. Toujours le même fouillis... Ils devraient bien penser à ceux qui entretiennent leurs voitures..."
"_ C'est vrai, mais quand même, ils ont bien simplifié leur suspension hydraulique. Une seule sphère à l'arrière et la pompe à haute pression est électrique, pour ne pas prendre de la puissance au petit moteur." "_ Ah elle est montée en hydraulique ? C'est bien ça..." "_ Et l'aspect ne vous gêne pas ?" Le père a une moue amusée mais les fils interviennent. "_ Pas du tout. Au moins, c'est moderne !" J'amène tout le monde en promenade autour de la ferme. Mes passagers savourent d'abord en silence, avant de commenter. Ils seront les premiers, mais certes pas les derniers, à s'étonner du contraste entre les dimensions extérieures et le volume habitable. " - Elle paraît toute petite, mais, surtout à l'avant, il y a beaucoup de place !" Certes l'Eco ne ressemble pas à une 2CV mais cette rupture de style ne heurte pas mes interlocuteurs. "- La 2CV c'est fini. Maintenant, si on veut quelque chose de sérieux pour passer partout, on se paie un vrai 4x4." D'ailleurs, un pick-up Toyota Hi-Luxe traîne dans la cour, crotté jusqu'au toit, chargé d'une cuve qui doit servir pour le ravitaillement des tracteurs en plein champ... J'abandonne mes experts ruraux mais, de retour en ville, je suis doublé en trombe par un break Renault 12 qui s'arrête net devant moi. La conductrice bondoit littéralement... Je n'ai pas l'habitude d'être abordé de cette façon par les dames. "- Qu'est-ce que c'est, cette voiture ? Je veux l'essayer !" Et, plantant là son break, elle saute à mes côtés. Ma passagère sera la première femme à donner sans réserve son approbation... L'Eco 2000 possède décidément un important pouvoir de séduction auprès des femmes, quelque soit leur âge ou leur condition sociale !
SONDAGE NEGATIF
Des anecdotes, je pourrais en citer des dizaines mais il faut bien tirer une leçon de l'expérience. Je viens de l'écrire, les femmes sont pour l'Eco 2000 ainsi que, quelque soit leur âge, les hommes qui s'intéressent tant soit peu à la technique. Bien entendu, la sobriété annoncée fait dresser l'oreille à tout le monde mais la légèreté de l'ensemble -corollaire indispensable- appelle des réserves. Les vieilles erreurs ne sont pas encore mortes et, pour certains, le poids, c'est l'ami qui fait tenir la route et qui protège en cas d'accident, sans doute en écrabouillant l'adversaire en priorité ?...
J'aurai décidément combattu cette sottise toute ma carrière d'essayeur durant, et une fois de plus, j'explique que le poids enlève de la maniabilité et empêche de changer rapidement de direction... qu'avec une suspension moderne, l'adhérence d'un ensemble léger est plus évidente et que, même protégée par le blindage d'un char d'assaut, la résistance du corps humain aux décélérations brutales connaît toujours les mêmes limites...
En fait, le problème de l'Eco 2000 est le même que celui de la nouvelle 5 Renault. Pour être convaincu, il faut l'essayer et tous ceux qui ont parcouru quelques kilomètres à son bord sont redescendus conquis, par le confort de sa suspension à assiette constante mais également par la sûreté et la rapidité de ses réactions, par son volume habitable et aussi par son excellente visibilité qui, côté conducteur, représente un élément de sécurité supplémentaire.
Cela étant, je m'attendais à de nombreuses critiques concernant l'avant monocorps, c'est-à-dire dépourvu de capot proéminent. En réalité, les objections du type "on n'est pas protégé en cas de choc" ont été rares et j'ai rétorqué qu'à partir du moment où le véhicule satisfait au même crash-test que ses congénères, il suffit de prendre un mètre en main pour se rendre compte que le capot a disparu, non pas en reculant outrageusement le moteur -pas plus dans tous les cas que sur bien d'autres voitures légères à moteur transversal- mais en avançant les pieds de pare-brise et la planche de bord, au bénéfice de l'habitabilité !
Malheureusement aux toutes dernières nouvelles, il semble bien que la future petite Citroën ne ressemblera guère à l'Eco 2000, tout au moins extérieurement. Les espérances de ceux qui croyaient déjà en une nouvelle percée à la fois technologique et commerciale de l'ex-Quai de Javel seront ainsi déçus et les tenants de l'orthodoxie resteront maîtres du terrain. Mais quoiqu'il en soit, il faut admettre que les grands constructeurs conçoivent des voitures pour les vendre et non pour philosopher et la présente décision a été prise en connaissance -du moins présumée- de cause, entre autres à la suite d'une série de sondages, effectués par exemple lors du dernier Salon de Paris, où l'Eco 2000 aurait été plutôt mal accueillie.
D'après les responsables de l'étude, plus de 50% des opinions auraient été négatives, les deux principaux rejets étant, pour les plus de 35 ans, l'absence de capot, synonyme d'insécurité et, pour les moins de 35 ans, l'étroitesse des formes portérieures - imposées par la recherche du meilleur Cx - qui manqueraient de sérieux et feraient trop "voiturette".
Bien entendu, il n'entre pas dans mes attributions officielles de discuter le bien-fondé de ces conclusions mais, malgré tout, j'avoue mon étonnement, au vu de cette discordance par rapport à ce que je qualifierai en toute modestie de "mon" sondage à moi... Les réactions enregistrées dans l'ambiance bien particulière d'un Salon et celles notées dans le bain quotidien de la rue, le cobaye évoluant normalement parmi ses pareils, on me permettra de préférer la seconde solution et l'on me permettra en outre - du moins je l'espère, car de toute façon, j'agirai comme bon me semble - à rappeler là que ce ne serait pas la première fois que de dignes aréopages, spécialistes du marketing automobile, se rouleraient dans l'erreur avec la même allégresse que naguère, les empereurs du Bas-Empire dans la débauche.
LE COUP DE LA DS
Pour mon compte, je persiste à penser que si Citroën désire survivre d'une autre manière que dans le cadre, même doré, d'une simple appellation de "division" au sein du groupe PSA, il convient de forcer quelque peu le destin. Il n'est pas impossible - et d'ailleurs, je le souhaite sincèrement - qu'une future petite Citroën à demi-anodine se vende suffisamment pour satisfaire plus ou moins les financiers du groupe. Après tout, Monsieur Falconnet et son équipe sont bien parvenus - mais au prix de quelle dépense de temps, d'argent et de matiuère grise - à vendre la Visa !...
Mais la véritable solution ne réside-t-elle pas dans un "coup" à la DS, le seul capable de relancer, avec l'appui de la double campagne d'information et de publicité convenable, la marque sur orbite jusqu'à la fin du siècle ? Bien sûr, on me rétorquera que la DS a failli tuer Citroën mais cette tentative d'homicide par imprudence avait des raisons technologiques et non esthétiques, la silhouette de la DS ayant au contraire fortement contribué à asseoir et confirmer le prestige industriel du double-chevron - l'élan se fait encore sentir aujourd'hui - et à prédisposer la clientèle à digérer ensuite des produits parfois moins excitants... Et, je vous le demande poliment, messieurs les spécialistes du marketing d'aujourd'hui, la DS aurait-elle reçu votre visa - si j'ose dire - à l'issue de l'un de vos sondages classiques, réalisé en 1953 ?
André COSTA, le regretté et non-moins fameux journaliste et, ex-Rédacteur en Chef de l'AUTO-JOURNAL No:1 15/01/1985
Eco 2000 SA 109 Berline monocorps Prototype mini urbaine 1984 ALEZAN 1/43 Kit Réf. : 134
_________________ Citroën est entré dans l'histoire. La notoriété est le fruit de sa reconnaissance, la pérennité, le reflet de son adaptation.
Dernière édition par PTIOTECARETE le Jeu 9 Aoû - 18:23, édité 3 fois
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PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7675 Age : 73
Sujet: Re: 1984 - Exposé sur le véhicule Citroën ECO 2000, l'innovation dans l'automobile Mar 5 Nov - 12:40
Bonjour,
un nouvel ami néerlandais, Paul de son prénom, m'a envoyé des photos du kit Alezan qu'il a monté et transformé en 1986 :
Il m'a précisé qu'il avait bricolé toutes les vitres individuellement, amélioré les roues et ajouté plusieurs éléments (rétro) pour la rendre plus réaliste.
Ce que l'on peut en dire, c'est que c'est encore un super monteur de kits qui nous fait l'honneur de ses montages et que nous serons toujours friands de voir ses réalisations. En attendant, certes, qu'il n'intervienne lui-même sur le forum où nous lui ferons bon accueil
A tantôt Alain
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