PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7416 Age : 73
Sujet: Citroën - Voiturette 5 HP à pédales 1924 Jeu 1 Déc - 19:25
Le modèle rêvé des collectionneurs, UNE CITROËNNETTE à pédales. Paulin Ratier la construisit pour Citroën et déposa la marque "Citroënnette", à Montrouge (92). La première série fut fabriquée à 3000 exemplaires.
Ratier était au début du XXe siècle une entreprise d'ébénisterie qui, au moment de la guerre de 14-18, se spécialisa dans la réalisation d'hélices d'avions pour l'aviation française, puis réalisa les hélices utilisées par l'Aéropostale ainsi que pour tous les grands raids réalisés pendant les années 1930. L'usine, créée à Malakoff fut ensuite transférée à Montrouge. Une grosse partie de son travail portait sur la sous-traitance pour Citroën pour la fabrication de la Citroënnette, une voiture d'enfant à pédale. Paulin Ratier réalisa une voiture à hélice qui ne resta qu'à l'état de prototype. Une voiture de rallye fut réalisée et gagna de nombreux rallyes, ainsi que le Bol d'or, à l'époque où le Bol d'or était couru en voiture comme à moto. Pendant la Deuxième Guerre mondiale l'usine de Figeac fabriqua des hélices pour la Luftwaffe, jusque à son sabotage par la Résistance en janvier 1944. Après la guerre, l'entreprise Ratier récupéra des pièces de motos BMW et reprit la marque CEMEC, puis conçut sa propre moto, dont la conception avait de nombreux points communs avec la BMW. Le général de Gaulle avait d'ailleurs équipé son escorte présidentielle de motos Ratier. Il n'y eut guère plus de 1 200 motos fabriquées, l'État n'ayant pas renouvelé les contrats. Les usines Ratier, établies à Figeac, réalisent actuellement des pièces d'aviation, en particulier pour les Airbus.
Originaire de Montmurat, une petite commune du Cantal, Paulin Ratier monte à Paris en 1904. Fort de sa connaissance des métiers du bois il s’installe artisan ébéniste à Montrouge et, s’associant à un ingénieur des Arts et Métiers, Bernard Montet, il démarre judicieusement une activité de fabrication d’hélices d’avions alors que l’aviation est en train de naître. Avec la déclaration de la grande guerre, ses ateliers sont réquisitionnés et en 1915, Bernard Montet quitte l’entreprise. De 1914 à 1918, il fabrique 12.000 hélices, mais après le conflit, la demande baisse et en attendant le démarrage de l’aviation civile et commerciale, il subit le chômage malgré la production d’appareils électriques et de téléphones.
En 1921, un jeune autodidacte, Paul Dreptin amène Paulin Ratier à se pencher sur l’automobile qui était en plein essor à l’époque. Féru de mécanique, Paul Deptin sera le pilier des avancées techniques de la maison Ratier dans ce domaine. Un brevet est déposé en 1923 pour une voiture automotrice à entraînement par hélice,. Hélice mue par un moteur 4 cylindres de 15 ch. De forme fusiforme, cette voiture pouvait contenir trois personnes, mais elle resta au stade de prototype.
En 1924, Ratier dépose le brevet d’une voiture à pédales pour enfant qui est en fait la reproduction fidèle de la plus populaire des voitures de l'époque, la 5 CV Citroën à l’échelle 1/3. La compétence de ses ateliers maîtrisant parfaitement le bois et le métal sont parfaitement adaptés à cette fabrication. Fabriquer, c’est bien, encore faut-il trouver des débouchés. Pour assurer la commercialisation de cette voiturette, un “représentant” aura l’idée de demander à Paulin ratier d’aller avec lui voir directement Monsieur André Citroën pour la lui proposer. Ainsi André Citroën se montra tout de suite enthousiaste et lui signa une commande immédiate de 3.000 exemplaires !
Les voitures à pédales brevetées par Paulin Ratier seront alors fabriquées dans ses ateliers de Montrouge et ensuite de Figeac et livrées à l’usine Citroën et commercialisées par les concessionnaires et agents de la marque exclusivement et dans quelques grands magasins chics tels le Printemps et le Bon marché.
De 1924 au 6 avril 1927, plus de 4.000 voiturettes furent fabriquées dans les ateliers Ratier.
Le brevet concerne plus particulièrement le système de propulsion très particulier : Le va et vient ou mouvement alternatif demandant à l’enfant un effort horizontal et non pas un pédalage classique comme sur les bicyclettes. Ce dispositif est décrit très précisément dans le brevet d’invention N° 581.638 du 14 mai 1924 à 16 heures et 5 minutes que Monsieur Paulin-Jean-Pierre Ratier déposa à l’office national de la propriété industrielle à Paris.
Le châssis et la plate-forme sont en bois, l’essieu avant est équipé de lames de suspension. Un bouton poussoir allume les phares alimentés en électricité par une pile logée sous le capot. La Citroënnette possède de véritables pneus Michelin qui n’étaient pas livrés par Ratier mais commandés par les concessionnaires qui avait la charge de les monter sur les jantes. Le fait de recevoir les Citroënnettes jantes nues va permettre à Citroën d’en proposer aux forains qui exploitent les manèges. Ces derniers préférant en effet des roues “increvables” en bois, facilement montables et démontables aux roues chaussées de pneumatiques fragiles et coûteux. Dotée d’une très belle calandre et d’un écusson Citroën en cuivre avec décor en émail à champs cloisonnés bleu cobalt avec logotype nickelé, du plus bel effet, la 5 HP était proposée en quatre couleurs : le jaune, le rouge, le bleu et le vert. Sur commande spéciale, de très rares exemplaires sont livrés en blanc ou agrémentés de filets décoratifs. Une notice d’entretien parfaitement complète accompagnait chaque voiture. La 5 CV “Citroënnette” est aujourd’hui très recherchée des collectionneurs et très rare.
On connaît les talents d’André Citroën pour tout ce qui a concerné la publicité et la promotion de sa marque, tant il a été précurseur dans ce domaine. Après les fameux jouets Citroën qui ont été créés pour les enfants, dès leur jeune âge, pour qu’ils reconnaissent la marque portant son nom, il ne pouvait manquer de s’intéresser à cette proposition.
Ce jouet, malgré un prix élevé rencontre un énorme succès dû à son aspect et à sa véritable ressemblance avec la “vraie”. De plus, son pédalier original et ses phares électriques qui fonctionnent sont des nouveautés à forte valeur ajoutée. Ainsi il faut débourser 995 F en 1925 pour le modèle Standard et la “Extra-luxe” a atteint la somme de 1.400 F en 1926.
Le 6 avril 1927, la fabrication des “Citroënnettes” à pédales cesse.
Parallèlement à l'histoire de cette Citroënnette, André Citroën avait créé les éditions enfantines Citroën qui ont publiées deux livres : "Frisemouche fait de l'auto" et "Toto fait de l'auto". Le premier livre raconte l'histoire des mésaventures au volant de sa Citroënnette jaune. L'auteur qui est aussi l'illustrateur de ce livre n'est autre que Jean Bruller qui par la suite écrira et publiera sous le nom de "Vercors" des ouvrages remarquables. Il sera aussi le fondateur des éditions de Minuit en 1940 sous l'occupation.
Couverture du livre pour enfants éditée par Citroën, Frisemouche fait de l'auto
_________________ Citroën est entré dans l'histoire. La notoriété est le fruit de sa reconnaissance, la pérennité, le reflet de son adaptation.
Dernière édition par PTIOTECARETE le Lun 28 Nov - 19:28, édité 6 fois
PTIOTECARETE Admin
PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7416 Age : 73
Sujet: Re: Citroën - Voiturette 5 HP à pédales 1924 Jeu 1 Déc - 19:26
En fait, il existaient sept modèles de la CITROËNNETTE 5 HP :
Fidèlement copiée sur la Citroën 5 HP - devenue populaire sous le sobriquet de “cul-de-poule” - la Citroënnette va suivre les évolutions d’aspect de sa “grande sœur”. En effet, celle-ci est successivement équipée d’ailes plates, puis d’ailes ourlées et enfin, d’ailes arrondies.
La Citroënnette 5 HP est déclinée en sept modèles dont trois sont tout spécialement destinées aux manèges des artisans forains et aux photographes opérant sur les foires où en studio.
Tout est bon pour faire voir du Citroën ! n’est-ce-pas !?
Standard 1 : c’est le modèle le plus courant. La carrosserie, à ailes plates, est réalisée en contreplaqué, l’intérieur est peint, le siège est recouvert de moleskine, le coffre peut s’ouvrir ; pare-brise en mica à position réglable en inclinaison. Phares fonctionnant grâce à des piles électriques. Elle est équipée de pneumatiques Michelin gonflables et la propulsion est assurée grâce à un pédalier de type va-et-vient dont le mouvement est transmis par une chaîne “Vaucanson”. En option, ce modèle peut être équipé de pare-chocs, d’une capote et peut recevoir des filets décoratifs.
Extra-luxe : identique au modèle Standard 1, sauf l’intérieur, qui est recouvert de moleskine. La carrosserie reçoit des filets décoratifs. De plus, ce modèle est équipé de “pare-chocs-amortisseurs” (sic) ; ces derniers sont fournis à Paulin Ratier par J.-M., à Neuilly-sur-Seine. La capote est en option.
Luxe : identique au modèle Extra-luxe, mais sans pare-chocs ni filets décoratifs. En revanche, il est équipé d’une capote rabattable. Très peu courant, ce modèle était probablement prévu pour l’exportation.
Manèges et photographes 1 : carrosserie en contreplaqué, à ailes plates, intérieur peint, siège en tôle, le coffre ne s’ouvre pas. Ce modèle est équipé de roues démontables entièrement en bois ; il ne comporte ni système de propulsion - donc pas de pédalier - ni pare-chocs, ni capote. Il peut être livré avec ou sans filets décoratifs.
Manèges et photographes 2 : identique au modèle Manèges et photographes 1, mais les ailes sont ourlées.
Manèges et photographes 3 : identique au modèle Manèges et photographes 1 mais la carrosserie est recouverte de tôle. Les ailes peuvent être ourlées ou arrondies.
Standard 2 : identique au modèle Standard 1 mais la carrosserie est en tôle, à ailes ourlées. dessus de capot fixe, côtés du capot détachables. La propulsion est assurée par un pédalier de type va-et-vient dont le mouvement est transmis par une chaîne classique. Variante peu connue, cette ultime production pourrait avoir été construite en Espagne dans les années 30.
Ce qu’il reste d’une “rare” Citroënnette tout en tôle !