Proto Neyret 1968Ce sont les qualités de tenue de route notamment dues à la suspension hydropneumatique qui feront de la DS une redoutable arme en rallye. Comme nous l’avons vu dans l’article
Citroën DS : domaine sportif , C’est bien cette voiture exceptionnelle qui, sous l’impulsion de René Cotton, décida Citroën de créer son « Service compétition » officiel.
Parmi les amoureux de sport automobile de l’époque :
Bob Neyret3 syllabes acérées qui claquent dans le monde des Rallies automobiles depuis… 1954… oui, oui 1954, cela fait 64 ans maintenant !
Robert Neyret, dit Bob Neyret, est un pilote semi-professionnel de rallyes français, né le 28 février 1934 à Grenoble, concourant de 1960 à 1972, ayant essentiellement accompli sa carrière chez Citroën.
Spécialiste du Rallye du Maroc (et paradoxalement des courses sur neige verglacée), il remporta l'épreuve deux fois consécutivement (cependant avant son inscription en IMC), y obtint 5 podiums (dont un en IMC (2e) et deux autres en WRC (2e, puis 3e)), et termina 6 fois dans les 5 premiers entre 1969 et 1975.
Son palmarès est impressionnant ! Il n’attend pas d’être diplômé Chirurgien-dentiste par la Faculté de Médecine de Paris en 1958, pour s’adonner, dès 1954, à sa passion pour l’automobile, d’abord comme co-pilote de Jean-Claude Galtier sur une 4 CV Renault très "spéciale", (1ère victoire au Neige & Glace 54 puis une participer au Liège-Rome-Liège 1955. Etant étudiant à Paris, il engage avec succès cette 4 CV 1063 dans tous les Rallies organisés, à cette époque, autour de la Capitale : Rallye de St Cloud / Rallye de Paris / Boucles de l’Essonne / Ronde de la Brie / Rallye de l’Eure, etc jusqu’en 1960 date de la fin de son Service Militaire.
De retour à Grenoble en 1960, il s’attaque d’emblée à un "gros morceau", le plus long et difficile des rallies depuis la disparition des "Mille Miles" trois ans auparavant (1957), le Liège-Rome-Liège sur Triumph TR3 : 3 000 km non stop sur routes ouvertes et qu’il termine à la 13ème place sur plus de 250 engagés, course gagné par Pat Moss sur Austin Healey 3000 !
- En 1961, sans le savoir, Bob va entamer une histoire passionnelle qui va marquer toute sa vie : la DS Citroën !! En effet, impressionné par la victoire de Coltelloni au classement général du Rallye de Monte-Carlo 1959 et les premiers excellents résultats obtenus en compétition par cette berline familiale à la tenue de route exceptionnelle, pour l’époque, il s’engage au Neige & Glace au volant d’une DS 19 et termine 6ème au général malgré les modestes 75 ch. du vieux 4 cylindres en fonte de la "Traction" d’avant-guerre... Cette même année, l’Italie ayant définitivement interdit les courses de vitesse sur routes ouvertes, le Liège-Rome-Liège devient le Liège-Sofia-Liège (4 000 km) dont Bob remporte la 3ème place au générale sur sa DS 19 devant plus de 280 concurrents.
- 1962, ça y est, le virus ''DS 19’’ est inoculé dans le sang de Bob et ne le quittera plus jamais, sauf à quelques rares exceptions… Premier exploit, il remporte cette année là le classement "Tourisme", devant les voitures "Usine", du plus prestigieux des Rallies : Le Monte-Carlo (7ème au général), puis du Neige & Glace (5ème au général), puis du Charbonnières (3ème au général), avant d’aller terminer 7ème au général du plus exigeant des Rallies Européens de ces années là, entièrement disputé sur des routes en terre caillouteuses : l’Acropole en Grèce.
Mais ses obligations professionnelles, et oui, rappelons-nous que Bob est avant tout Chirugien-dentiste (!!), le limitent dans le nombre de courses qu’il peut disputer… malgré, dorénavant, la fourniture par Citroën de voitures "Usine" décision prise devant les excellentes performances réussies par Bob… mais malgré cela il ne restera qu’un pilote "semi-professionnel", trop attaché qu’il reste à la clientèle de son Cabinet !
Deux places de gagnées au Monte-Carlo 1963 : 5ème au général et 2ème au "Charbonnières" et un malheureux abandon à l’Acropole.
- En 1964, il n’aura guère le temps de disputer d’autres Rallies que le Liège-Sofia-Liège qu’il termine à la 5ème place au classement général avec un record de 320 engagés !
L’année 1965, lui laisse un peu plus de temps libre pour s’engager au volant de ses DS 19 tant aimées, résultat : 7ème au général au Monte-Carlo dominé cette année là par les 3 Mini Cooper S Officielles, puis 2ème au Neige & Glace, 9ème à la très difficile Coupe des Alpes avant de tenter, pour la première fois, l’aventure Africaine : un engagement au prestigieux "East African Safari" que Bob termine, pour sa première participation, à une encourageante 13ème place au général, au milieu des grands spécialistes des "bourbiers" Kényans, une épreuve toujours remportée, à cette époque, par des pilotes locaux, justement les frères Singh en cette année 1965.
- En 1966, Citroën, augmente la cylindrée de son éternel 4 cylindres fonte pour la passer à 2175 cm3 et y adapter l’injection pour une nouvelle puissance de 125 ch. : c’est la DS 21.
Au volant de cette toute nouvelle DS 21, ce sera le meilleur résultat de Bob au Monte-Carlo avec une 4ème place au classement général et une 10ème à la Coupe des Alpes. En fin de saison, une fois n’est pas coutume, une infidélité à Citroën avec une apparition en circuit, et oui, au 1000 km de Paris à Montlhéry, au volant d’une… Ferrari 250 GTO !! Qui aurait pu refuser à l'attrait d'un tel volant ?
- En 1967, Bob qui a 33 ans et déjà riche de 6 années d'expérience au volant de DS Citroën, dispute, alors, sa saison la plus prolifique en victoires "Tourisme" au volant de voitures "Usine" : Monte-Carlo, Neige & Glace, Charbonnières, Ronde Cévenole, Rallye de Genève, Coupe des Alpes et Tour de Corse... excusez du peu !! La saison se terminera par une victoire à la Course de côte du Mont Ventoux, toujours en "Tourisme", mais au volant d’une Ford Mustang 7 l., celle de Ford France prêtée à Johnny Halliday au Monte-Carlo 67…
Le Monte Carlo 1968, très peu enneigé sera moins favorable aux DS, 4ème place en "Tourisme" seulement pour Bob...
Mais, cette même année, alors qu’après d’excellents débuts dans les rallyes du championnat de France en 1966, la DS 21 montre dès l’année suivante qu’il lui sera de plus en plus difficile de briguer des places d’honneur au scratch, face à une concurrence qui progresse très vite. Qui plus est en groupe 1 elle doit faire face à de nouvelles et redoutables concurrentes, en tête desquelles la R8 Gordini 1300. Dans ce contexte Robert Neyret ne voyant pas le 'Service Compétition Citroën' travailler sur une réelle évolution du véhicule se lance dans une remarquable initiative de faire fabriquer, par le carrossier Grenoblois Ricou, un prototype sur une base de DS 21. Raccourcie de 55 cm, l’allure en est un peu déroutante, mais la face avant reprend bien les lignes de la DS.
Pourtant, cette voiture ne correspond pas à la politique commerciale développée autour de la divine et impériale DS 21. Avec un pavillon extrêmement écrasé à double bossage dans le plus pur style Zagato qui se termine en ligne fuyante vers l’arrière et son capot avant de série auquel est enlevé le pare-chocs afin de créer une entrée d’air supplémentaire à ce niveau ce prototype semble avoir un museau en forme de bec, ce qui n’est pas du goût de Citroën.
Nous reverrons cette voiture ultérieurement car si la carrière de cette voiture débute au printemps 1968 à l’occasion du rallye de Lorraine, puis à la Ronde Cévenole (abandon) et sur le circuit de Magny Cours et enfin la Coupe des Alpes en septembre, une épreuve taillée pour la voiture et son pilote, Robert Neyret est malheureusement victime d’un accident avec une camionnette des PTT à l’entrée de Digne. Le beau coupé termine là sa course, très sérieusement endommagé.
Ainsi, en 1968, en présentant sa propre voiture, cette DS 21 raccourcie de 53 cm et 500 kg de moins que les DS classiques, avec 115 chevaux, la voiture se classe 12è au Rallye du Maroc en 1968 avant d'être détruite. Et en 1969, avec une DS proto officielle (notre modèle) Neyret tient sa revanche en écrasant la concurrence avec un moteur compressé de 150 chevaux.
Elle sera réparée mais surtout Citroën s’en inspira pour développer sa DS 21 "Proto" qui va permettre à Bob de remporter les deux plus belles victoires de sa carrière, celles remportées en 1969 et 1970 au très exigeant Rallye du Maroc devant les meilleurs pilotes mondiaux... Devenu un vrai spécialiste de la terre il terminera encore au Maroc, 4ème en 1971 et 2ème en 72. De plus sa DS "Proto" servira de modèle pour la création de la fameuse Citroën SM "Proto"...
Le Rallye du Maroc (Morocco Rally) était un rallye-marathon. D'un concept assez proche de celui du Safari Rally, il était organisé par le Royal Automobile Club du Maroc.
Le nouveau prototype participa pour la première fois au Rallye international du Maroc du 24 au 27 avril 1969. Sur 78 équipages au départ, 7 seulement seront à l’arrivée dont 5 DS 21 aux 1ère, 2ème, 3ème, 5ème et 6ème places après 4.200 Km en deux étapes. Le proto, groupe 5, de Neyret et Terramorsi (N° 14) remportant la course !
Ils étaient été une vingtaine de mécaniciens, combinaison bleue, 3 tonnes de matériel, quatre breaks DS, deux Type H, deux Méhari, quatre voitures d’entrainement (mulets) et un avion de liaison a composer une véritable armada au service des pilotes engagés par le team Citroën.
Dix épreuves spéciales chronométrées sur 1. 300 Km laissent à l’arrivée à Casablanca les voitures étrangères sans recours, Opel, Volvo, Fiat, Datsun, Porsche et autres BMW n’y arrivent pas. Seules une R16 TS et une R8 Gordini figurent parmi les 7 arrivants. Dans ces conditions, il est logique que Citroën remporte la Coupe des Constructeurs.
Le rallye du Maroc avait vécu et consacré une marque : Citroën et désigné un vainqueur : Neyret.
On le savait très à l’aise sur ce genre de terrain, on le connaissait fonceur et très adroit lorsque les conditions d’adhérence sont difficiles, mais le rallye du Maroc 1969 a élevé d’un ton le niveau.
Lorsqu'on regarde cette DS de face, hormis l'absence de chrome autour des phares rien n'attire particulièrement l'attention, sauf peut-être deux feux additionnels et une sangle qui attache le capot. C'est lorsqu'on se décale qu'on trouve l'originalité de ce prototype à deux portes et on songe alors que cette voiture a une histoire particulière.
Neyret rééditera l'exploit en 1970, secondé par une DS21 groupe 1 co-pilotée par un certain... Jean Todt.
Cette voiture eut des petites sœurs qui n'ont pas toutes eu une carrière en rallye. Citroën s'en servit également avec la collaboration de Michelin pour tester des trains avant de haute puissance avant de
créer la SM.
Et, comme toujours, un article une miniature
DS 21 Coupé Rallye Bob Neyret N°14 Proto DS 21 bleu 1969 UNIVERSAL HOBBIES Atlas - "DS Collection" N° : 29 - 2007Et un modèle un peu plus réussi à mon avis
DS 21 Coupé Rallye Bob Neyret N°14 Proto court "Rallye du Maroc" bleu 1969 PARADCAR Ré. : SP025Monté par mon ami Gérard, merci à lui
En prévision chez
SPARK sous la
référence : S5536Sources : "émotion CITROËN en compétition" par Maurice LOUCHE, CITROËN en compétition de Dominique Pagneux (à vous présenter !), citroracing-historique.org et le Web.À tantôt
Alain