PRENOM : Jean Localisation : 33110 LE BOUSCAT - Gironde Date d'inscription : 20/12/2010 Messages : 93 Age : 94
Sujet: Citroën DS - Publicités USA Ven 2 Déc - 13:52
PTIOTECARETE Admin
PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7679 Age : 73
Sujet: Re: Citroën DS - Publicités USA Ven 2 Déc - 14:47
Merci Jean ! belles trouvailles
Moi, j'ai retrouvé cela :
A moins que cela ne soit pour les GB !?
_________________ Citroën est entré dans l'histoire. La notoriété est le fruit de sa reconnaissance, la pérennité, le reflet de son adaptation.
Dernière édition par PTIOTECARETE le Ven 25 Juil - 11:08, édité 1 fois
PTIOTECARETE Admin
PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7679 Age : 73
Sujet: Des chevrons au far-west Sam 3 Déc - 18:46
Citroën au USA ? Une trop courte histoire qui, pourtant, a eu le temps de donner naissance à bien des mythes. Pour séparer le vrai du faux, les reporteurs du magazine Citroën Rétro a retrouvé les principaux acteurs de la véritable aventure américaine du Double Chevron en 1995.
Comme notre ami Jean a ouvert cette rubrique avec des publicités pour les DS et ID, je vais donc passé directement à cette période. Les autres voitures distribuées aux États-Unis telles les Traction et 2 CV feront l’objet d’articles dans leur catégorie respective.
A une époque où la location de voitures n’en est même pas à ses balbutiements, de nombreux français vivant Outre-Atlantique retournent en france pour y passer leurs vacances. objet de luxe auquel on n’accède encore, dans l’hexagone, qu’après de longues années de patience, l’automobile est déjà aux USA un objet de consommation courante dont il n’est pas question qu’ils se dispensent. Michelin, dont l’installation d’une unité de production aux États-Unis remonte au début du XXe siècle, a créé une structure baptisée Citroën Car Corporation et dépendant de sa société US Technical Reesarch dirigée par Arthur Lowenstein et Jean Ostheimer (l’homme qui, de par sa plainte, mis André Citroën en liquidation judiciaire en 1934 !). Le rôle de la Citroën Car Co. est de vendre aux touristes américains la voiture dont ils ont besoin pour leur déplacements en France. Après réception de leur commande qui comporte, et c’est important, une garantie de rachat, la voiture, immatriculée de la fameuse plaque TT, leur est livrée dès leur arrivée sur le sol français, et rachetée lorsqu’ils quittent le pays. Économiquement, l’affaire est juteuse puisque en France, du fait des difficultés d’approvisionnement, les voitures d’occasion en général, se revendent alors beaucoup plus cher que les voitures neuves souvent très longues à être livrées. Quel beau paradoxe à faire rêver nos vendeurs d’aujourd’hui, ces modernes galériens qui rament souvent pour rien... A cette occasion, un joli petit catalogue (Réf. : AC 5133) où la tour Eiffel fait toujours recette est éditée en 1955, peu avant l’arrivée de la DS.
L’arrivée de Charles Buchet Ce service va être la rampe de lancement de Citroën aux États-Unis. L’homme qui prend en main les destinées de la Citroën Car Co. pour en faire, selon ses propres dires, une entité vivante, s’appelle Charles Buchet. Entré chez Citroën en 1952 au Commerce Paris, il passe très vite à l’Export et part pour les États-Unis en mars 1954. L’une de ses premières missions consiste, avec l’aide de son collaborateur Armand Garnier, à retrouver la trace de la vingtaine de ces mystérieuses 15 Six égarées on ne sait plus trop bien où. Ils en retrouvent quelques unes, mais dans quel piteux état ! Certaines sont encore sous douane : elles seront purement et simplement abandonnées sur le port, à cause du coût de stockage qui, avec le temps, dépasse largement la valeur des voitures.
“L’affaire Traction” est définitivement réglée. Charles Buchet s’attache ensuite à redynamiser la Citroën Car Co. en améliorant le système des ventes triptyques (TT), grâce à l’élaboration d’un plan d’achat et de rachats des voitures destinées aux touristes. Le plan de financement qu’il crée va lui permettre de subvenir aux besoins de ce qui va devenir Citroën USA en attendant le démarchage effectif des importations qui va être déclenché par la présentation de la DS au Salon de Paris 1955.
La DS N° 129 arrive au Salon de l’automobile de Chicago Arrive ce fameux et historique Salon de l’automobile de Paris d’octobre 1955 où la présentation de la DS déchaîne l’enthousiasme que l’on sait.
Charles Buchet estime fort à propos qu’il faut profiter de cette formidable dynamique pour présenter la voiture aux États-Unis. La direction française donne son accord et décide de lui envoyer une DS qui devra être présentée au Salon de l’automobile de Chicago.
Hâtivement préparée, elle est embarquée sur un cargo, direction le port de Newark, tout à côté de New-york. Première DS à fouler le sol américain, elle porte le numéro de châssis 129 et arbore une livrée gris rosé, un toit vert pâle et un intérieur bleu du plus bel effet. Il ne reste plus qu’à lui faire rallier le plus rapidement possible Chicago, à quelques 1.700 km. de là. Nous sommes en janvier 1956, il fait - 16° et les routes sont balayées par de féroces tempêtes de neige. pas question de laisser Claude Braux, l’indispensable technicien qui a accompagné la voiture depuis Javel, faire seul tout ce chemin. Signalons au passage que la présence de Claude Braux, qui prendra par la suite la responsabilité du service technique et commercial de Citroën pour la côte Ouest, se justifie pleinement : il était le seul, comme le dit si joliment Charles Buchet, à être au “courant de la chose”, puisqu’il n’existait aucun catalogue de réparation, ni quoi que ce soit d’ailleurs, qui puisse permettre, même au plus habile des mécaniciens américains, de comprendre ce qui se pouvait bien se passer dans les entrailles d’une DS.
Le champion Luigi Chinetti conduira la voiture Heureusement, Charles Buchet a de solides relations. L’un de ses meilleurs amis n’est autre que Luigi Chinetti, importateur de Ferrari aux États-Unis et, accessoirement, 3 fois vainqueur des 24 heures du Mans... C’est lui qui conduira la voiture.
Après un voyage aussi mouvementé que réfrigérant - le chauffage des premières DS est plutôt symbolique - Chinetti et Braux touchent Chicago dans les délais et la voiture est exposée sur le stand qui lui a été réservé. Leur stand est mitoyen et tout aussi minuscule que celui du seul autre importateur européen, Volkswagen, dont la destinée aux États-Unis va connaître, avec la coccinelle, une réussite phénoménale, unique. Charles Buchet se rappelle très bien la consigne formulée par la direction : Il est interdit de montrer à qui que ce soit les organes mécaniques de la DS. Il parviendra à tenir trois jours, jusqu’à ce qu’un petit malin réussisse enfin à soulever le capot de la voiture...
Dire que la DS suscita le même enthousiasme qu’en France serait exagéré, les américains, en matière d’automobile, sont bien souvent aussi conservateurs que nationalistes, c’est donc plutôt d’étonnement qu’il s’agit : qu’est ce que c’est que cette voiture sans calandre qui monte et qui descend ? Un étonnement qui n’empêcha pas toutefois la DS de connaître un correcte succès d’estime.
Chicago 1956
Grégoire propose d’exposer à Detroit A ce même Salon, se trouve une autre voiture française, la Grégoire, présentée sur le stand du “progrès technique”. Son concepteur, l’ingénieur Grégoire, membre de toutes les associations d’ingénieurs du monde, et plus particulièrement de la prestigieuse Science Automotive Ingeniors Society, propose à Charles Buchet d’aller exposer sa voiture à Detroit. Ce dernier est enchanté et télexe immédiatement la nouvelle à Javel d’où lui revient aussitôt un Pas question ! laconique et sans appel.
Charles Buchet, qui a plus d’un tour dans son sac, contourne la difficulté avec le rectificatif suivant : C’est embêtant car j’ai déjà passé tous les accords et la voiture doit partir demain, mais, en fait, ce n’est pas à Detroit que ça se passe, c’est à Flint dans le Michigan. Réponse : Dans ce cas, pas de problème, c’est d’accord. Ce que paris ne sait pas, c’est que Flint touche Detroit, c’est la ville de Ford et c’est donc dans son musée automobile que la DS sera exposée.
Entrée en scène de René France René France est un autre personnage important dans l’histoire de Citroën aux États-Unis. Né à Paris dans le 14° arrondissement, René France partage le même enthousiasme que son père pour les Citroën dont ce dernier a possédé plusieurs modèles et il admire sans réserve ces américains dont il a assisté, émerveillé, à l’entrée dans Paris à la Libération. C’est tout naturellement donc, qu’avec son épouse, il partira pour l’Amérique où il se fait enregistrer, en décembre 1954, comme immigrant. Très vite, après un court job de technicien de laboratoire, il entame une carrière de vendeur de voitures. De fil en aiguille, il sera successivement responsable du département occasion d’une agence Chevrolet à Garfield, New-Jersey, en 1957, directeur général d’une affaire De Soto-Plymouth. En 1958, avec l’accord des distributeurs de l’époque, René France ouvre à Hackensack, dans le Bergen County, une agence Peugeot et renault, auxquels viendront un peu plus tard s’ajouter ceux de Porsche, Alfa-Romeo, Fiat et Lancia.
Le manque de fiabilité de la DS Au Salon de New-York 1958, René France et son patron déambulent dans les allées, son boss a en tête de louer des voitures européennes. Mis à part la 403, il n’en trouve aucune qui soit assez solide et assez spacieuse pour s’adapter au marché américain. C’est en pensant sans doute à cela qu’il tombe en arrêt devant le stand Citroën. Regarde, dit-il à André France, il y a la DS, la voiture qui monte et qui descend. Je prendrais bien une agence Citroën ! Un coup de téléphone au directeur de l’importation et, aussi sec, les voilà, toujours à Hackensack, à la tête d’une agence Citroën.
Mais les affaires ne marchent pas aussi bien que prévu. L’agence Renault, qui est la première du New-Jersey, essuie une véritable catastrophe en 1959, à cause du manque de fiabilité de la Dauphine alors que la marque au losange était loin devant Volkswagen l’année précédente. (Des milliers de Dauphine étaient en panne de générateurs qui avaient rouillé seront rapatriées par la Belgique pour être revendues sous un nouveau nom !) Du côté de Citroën, les choses ne sont guère réjouissantes. IL n’y a qu’un seul modèle à proposer à la clientèle, la DS, dont la fiabilité est encore celle d’une voiture expérimentale sans compter les inconvénients directs et indirects liés à la conception de la voiture : moteur 4 cylindres faible, batterie 6 volts, rouille, pneus spécialisés introuvables couramment, pas de climatisation, peinture délicate, protection extérieure fragile, sans oublier la non-fiabilité de l’hydraulique, du LHM, de l’électricité, etc. De plus, avoue rené france, la voiture ne plaît pas aux américains. sa ligne est trop avant-gardiste et bien souvent, je m’entendais dire qu’elle ressemblait à un crapaud. Curieux américains !
Les vendeurs refusent de conduire la DS ! Tous ces problèmes, Citroën USA va s’employer à les surmonter au fil des ans par des initiatives locales ou des demandes à l’usine de Javel : pare-brise securit, chauffage Haperbacker, protection de tôlerie Z-Bart, onsonoristaion, etc..., confirme Charles Buchet.
Un avocat à qui René France vante les qualités de la DS, lui rétorque : Pour moi, choisir une voiture, c’est exactement comme “choisir” une femme ! Avant de savoir si c’est une bonne femme d’intérieur et si elle sera une bonne mère pour mes enfants, il faut d’abord que son visage m’attire. C’est pareil pour votre voiture ! Heureusement pour René france, tous ces clients n’ont pas des avis aussi péremptoires que cet avocat un tantinet machiste et, intrigués ou même intéressés par la DS, beaucoup demandent à faire un petit essai. ET là, René France se trouve confronté à un autre problème. Aucun de ses 22 vendeurs n’ose conduire la DS, et c’est lui, le directeur général, qui est obligé de se charger des démonstrations. Mes vendeurs, raconte-t-il, étaient effrayés à l’idée de prendre le volant de la DS. D’abord, ils ne comprenaient rien à la façon de changer les vitesses, et puis ils étaient terrorisés par le petit champignon qui remplaçait la pédale de frein. Ça n’a jamais été tragique puisqu’il n’y a jamais eu d’accidents mais beaucoup de mes clients m’ont aussi raconté avoir brûlé des feux rouges parce qu’ils n’avaient pas réussi à trouver la pédale de frein...
A la décharge de ces maladroits conducteurs, il faut bien avouer que le minuscule champignon de la DS n’avait qu’un lointain rapport avec la pédale de frein d’une américaine classique, pédale dont la surface n’était pas loin d’égaler, sur les versions automatiques en tous cas, celle d’une raquette de tennis.
Où René France rejoint Charles Buchet Victimes de l’originalité de la voiture, les ventes de DS n’atteindront pas les sommets escomptés durant l’année ou l’agence sera en exploitation : 25 dans l’année, à comparer aux 25 Dauphine vendues chaque mois ! Le prix respectif des deux françaises y était sans doute pour quelque chose puisque la Renault se négociait à 1.695 dollars alors que le prix de la Citroën était d’environ 3.200 dollars.
Toujours est-il que le patron de René france, baissant les bras, abandonne son agence de voitures importées et reprend une agence d’américaines. René France ne capitule pas, il obtient de Citroën de pouvoir garder toutes les pièces détachées et les deux DS neuves encore en stock. Les bons rapports qu’il a toujours entretenus avec la direction de Citroën USA, et donc avec Charles Buchet, font que ce dernier lui propose de rejoindre le siège du 300 Park Avenue à New York. Nous sommes le 1° janvier 1960. Installée depuis 1956 sur Park Avenue, Citroën voit affluer plus qu’en province les commandes. Sans doute est-ce dû à la spécificité d’une clientèle qui, du point de vue socio-économique est largement au-dessus de la moyenne : médecins, avocats, artistes, intellectuels... Charles Buchet se souvient avoir eu comme client le docteur Salk, l’inventeur du vaccin contre la poliomyélite.
Mlle A. de Fürstenberg (actrice) en 1956. La DS, une voiture pour les femmes ?
Avec l’actrice Jayne Mansfield, la même année, assuremment !
Avec notre Maurice Chevalier national, on a des doutes !
Mais l’arrivée de René France ne change rien aux problèmes rencontrés pour “apprendre” la DS aux américains. Ces derniers faisant le plein de Loockheed à la place du LHM se faisait dilater les joints et obliger à changer tout le système. Cela coûtait la peau des fesses. L’autre problème était les pneumatiques. Seuls les Michelin convenaient à la DS et, les américains qui avalaient de nombreux kilomètres et habitaient des États perdus ne trouvaient pas à les changer facilement.
San Francisco 1963
Bref et pour en terminer, la DS ne s’est presque pas vendue aux États-Unis. Un modèle trop "latin" pour ces amateurs de rodéos ?
Salon automobile de Los Angeles 1971, la DS 21 Pallas