PRENOM : Alain Localisation : 59260 HELLEMMES - Nord Date d'inscription : 12/12/2010 Messages : 7440 Age : 73
Sujet: Citroën et la "SOVAM-ETALMOBIL" Mar 21 Déc - 20:39
SOVAM-ETALMOBIL : deux générations d’entrepreneurs, une même passion pour l’innovation
En octobre 2014, je venais de découvrir, sur le web, une traction à carrosserie "spéciale" qui nous est présentée comme « traction carrosserie spéciale André Morin », je vous faisais alors part de ma découverte sur le forum
En 1949, André Morin alors âgé de 18 ans, fils de Robert qui a fondé l'entreprise en 1930, ayant appris avec son père le métier de carrossier, est considéré comme un jeune prodige. Alors qu'il commence à peine sa carrière, il réalise cette merveilleuse transformation sur la traction acquise quelques mois plus tôt par son père. Il fait preuve d'un génie remarquable en réalisant cette traction "'façon Delahaye" dira-t-il, sur la base d'une 11 B.
Le résultat est stupéfiant, et fait de lui une vedette dans le monde de la carrosserie. Un article dans "Le journal de la carrosserie" en 1950, le mettra à l'honneur, ainsi que la presse locale des Deux Sèvres qui prédit à ce jeune professionnel un brillant avenir.
En 1964, le VUL (Véhicule Utilitaire de Livraison) est lancé avec une carrosserie polyester sur un châssis de Renault 4 raccourci. Ce petit véhicule était idéal pour le transport en ville.
L'année suivante André Morin a l'idée de créer une petite voiture de sport sur la base d'un châssis de Renault 4, il sera aidé par Jacques Durand qui sera son maquettiste. La voiture est présentée au Salon de l'auto de 1965 et devant l'intérêt qui est porté à la voiture il est décidé de la fabriquer. Elle le sera jusqu'en 1982.
Fort d'une maîtrise parfaite de la réalisation d'éléments de carrosserie en polyester, en 1967 est proposé le 1255 cm3 de la Renault 8 Gordini, le bloc développe 103 chevaux, est équipé d'une boîte à 5 rapports et permet à la petite Sovam d'atteindre 195 Km/h, une performance très intéressante pour une voiture de cette catégorie. Ce modèle sera récompensé par le grand prix de l'art et de l'industrie automobile.
Si le succès d'estime est indéniable, son manque d'image est flagrant face à Matra et Alpine qui proposent des modèles compétitifs et qui inscrivent en plus leur noms dans le monde médiatique de la compétition automobile. En 1968 la production de la Sovam est abandonnée et seulement 160 modèles en auront été conçus. Mais Sovam se recycle et rebondit, la société existe toujours et produits des produits destinés aux aéroports comme des passerelles roulantes et des véhicules spécifiques.
Sources : Deux Sèvres Auto Mémoire association loi 1901 dont André Morin est un des Présidents d’honneur et Wikipédia
Ceci semble anecdotique mais montre déjà l’inventivité d’André Morin, une qualité́ qui va se révéler l’élément décisif de sa réussite. Apprenant par un commercial de chez Fillon (une autre entreprise de Parthenay spécialisée dans les articles de fête et qui dès cette époque démarchait déjà̀ très loin des Deux-Sèvres), qu’un Breton travaillant sur les marchés aimerait disposer d’une remorque pour son « bazar à cent francs », André́ Morin dessine, bricole et réalise en trois mois une remorque avec des tiroirs qui se déplient et se replient... La remorque remporte un succès énorme.
Ce génie se confirme donc en 1953, avec la création de la caravane présentée sur le cliché ci-dessus. Caravane innovante, puisqu'elle a la particularité d'avoir des meubles qui lui servent d’ossature. Cette caravane est par ailleurs réalisée en aluminium. Sa légèreté en fait un objet d'avant garde. C’est de là que vient l’idée de ne pas se contenter d’une remorque mais de créer un camion-magasin qui permettrait aux marchands ambulants de déballer et remballer plus facilement et rapidement. Il « suffit » d’acheter des véhicules Citroën HY, de garder le moteur et d’aménager l’intérieur...
André Morin, s'installe à Chatillon sur Thouet ; il crée «les Véhicules Magasins Etalmobil» et emploie 40 salariés. Les Magasins Etalmobil sont des véhicules à plancher bas, réalisés à partir de fourgons Citroën de type H en tôle, allongés, avec des ouvertures de carrosserie sur toute la longueur et des aménagements spéciaux ; tout ce qu'il faut pour faciliter le travail des commerçants de marché. Très vite la demande explose ; en 1964 le certificat de baptême de la SOVAM (Société des Véhicules André Morin) est signé. L'entreprise rassemble rapidement près de 200 personnes.
De son imagination et de ses mains naitront les sociétés ETALMOBIL et SOVAM (SOociété des Véhicules André Morin)
En effet, la Sovam se spécialise dans la construction de camions magasins et, en 1962, la marque Etalmobil est créée. Quatre ans après s’être installé sur l’emplacement actuel de l’usine à Châtillon sur Thouet. Pendant 2 ans, celle-ci construit des véhicules magasins « ETALMOBIL » avec CITROËN, PEUGEOT et RENAULT.
en 1964, l'entreprise est fondée par André Morin, né en 1931, sur les bases d'un atelier artisanal de carrosserie initié par son père Robert Morin en 1933. Dans la continuité de la marque 'Etalmobil, créée en 1962, la SOVAM se spécialise alors dans la construction de camions magasins.
ETALMOBIL fêtait en 2015 ses 60 ans, l’occasion de faire un retour historique passionnant sur les mutations économiques intervenues dans un tel secteur et de discuter avec deux générations d’entrepreneurs : celle de M. Morin, fondateur de l’entreprise après la Seconde Guerre mondiale et celle des actuels propriétaires M et Mme Prud’hom qui ont repris l’entreprise en 2010.
Les débuts de la SOVAM
La SOVAM (Société des Véhicules André Morin) a été créée il y a soixante ans par un jeune carrossier de Parthenay, lui-même fils de carrossier. Né en 1931, André Morin avait repris en 1949 la petite entreprise de son père et s’installe à Châtillon-sur-Thouet sur un site plus vaste. L’activité va progressivement se développer dans les années 1960-1980 : l’usine aura jusqu’à 500 salariés et construira jusqu’à 300 à 400 véhicules par an.
Mais comment se faire connaître au niveau national, quand on vient d’une petite ville de province et qu’on est précurseur dans un nouveau secteur ?
A travers cet exemple on voit bien comment, dès le départ dans cette entreprise, il y a le souci de concilier une esthétique adaptée au goût de l’époque et fonctionnalité. Les camions-magasins de l’époque avec leur capot en « nez de cochon »nous semblent aujourd’hui désuets mais ils représentaient pour l’époque un grand progrès pour les marchands ambulants et leur design était apprécié.
Parallèlement à cette évolution des produits, l’entreprise SOVAM est évidemment soumise au contexte économique général : progrès des technologies, des matériaux (polyester, colles qui vont progressivement se substituer aux tôles d’acier et aux soudures), des machines-outils qui entraînent des gains de productivité et une réduction des effectifs nécessaires à la production dans ce type d’industrie. La règlementation devient de plus en plus contraignante en matière de sécurité (sécurité dans l’entreprise et sécurité des véhicules produits) et d’hygiène. La concurrence de la grande-distribution a aussi un impact très négatif sur le commerce ambulant.
Le contexte est également à la transformation d’un capitalisme industriel en capitalisme financier.
Comme de très nombreuses entreprises françaises la SOVAM encaisse difficilement tous ces changements, est mise plusieurs fois en redressement judiciaire mais à chaque fois repart. En 1994, elle est rachetée par le groupe SIRAGA qui la revend assez rapidement sans avoir investi mais en ayant licencié une partie du personnel. Parmi ces personnes licenciées, M. Prud’hom qui était responsable du bureau d’étude de la SOVAM et continue sa carrière comme salarié dans d’autres entreprises.
L’entreprise se restructure en deux entités : SOVAM pour le matériel aéroportuaire, ETALMOBIL pour les camions-magasins. La SOVAM est rachetée en 2010 par un groupe français MECANELLE à capitaux russes. Elle continue aujourd’hui son activité en produisant de passerelles, des tracteurs de pistes... pour les aéroports du monde entier.
Dans le contexte très difficile consécutif à la crise financière de 2008, ETALMOBIL est à nouveau mise en redressement judiciaire en 2009. Trois repreneurs se présentent alors. M. Prud’hom est l’un d’eux. Il connait le produit, les salariés, l’environnement local... Sa femme est comptable. Leur objectif est reprendre cette usine et de moderniser le camion-magasin au goût d’aujourd’hui. L’entreprise ne compte plus que 37 salariés qui font passer une sorte d’oral aux trois repreneurs potentiels : le couple Prud’hom remporte 30 voix sur 37 et le Tribunal de Commerce entérine ce choix émis par les salariés Depuis 2010 l’entreprise ETALMOBIL connaît une nouvelle jeunesse mais toujours dans l’esprit du fondateur. Pragmatisme d’abord : une entreprise d’aujourd’hui ne peut plus tout faire et gagne à se recentrer sur ce qu’elle sait le mieux faire.
C’est ainsi que ce sont des sous-traitants autour de Parthenay qui font la peinture et les moulages des pièces en polyester (notamment parce qu’il s’agit de techniques qui imposent aujourd’hui des normes drastiques de sécurité pour protéger les salariés de vapeurs toxiques). Les profilés aluminium utilisés par l’entreprise pour habiller les champs des panneaux ont été dessinés par ETALMOBIL, mais fabriqués à l’extérieur et stockés sur place. Par contre ETALMOBIL a développé un savoir faire très spécifique dans trois domaines : • la réalisation de « panneaux-sandwichs » (formés de deux fines tôles d’aluminium collées autour d’une plaque de mousse) qui équipe les camions-magasins et ont la particularité d’être légers, rigides, de pouvoir recevoir des gaines électriques pour passer les câblages et d’être découpable à volonté. • ces « panneaux-sandwichs » existent également en version isolante pour équiper les vitrines-réfrigérantes des magasins. • la menuiserie pour habille ce type de produit. Il s’agit en effet de découper de très grands panneaux contreplaqués en peuplier (un matériau léger) et de les équiper de champs arrondis (ce qui facilite le nettoyage des camions-magasins).
L’entreprise a choisi de se positionner sur un créneau spécifique de camion-magasin haut-de- gamme. Pour quelqu’un qui ne connaît pas ces métiers du commerce ambulant et leurs contraintes, il faut préciser les points suivants : c’est une activité qui se pratique souvent en couple (d’où la nécessité d’avoir deux places assises homologuées dans un véhicule ; les horaires de travail sont très longs et contraignants ; il y a beaucoup de manutention, de déballage, de rangement et de nettoyage. Or parmi ces commerçants beaucoup sont des commerçants de bouche (bouchers, charcutiers, poissonniers, fromagers, marchands des quatre-saisons) dont beaucoup de femmes qui passent plus de temps dans leur camion-magasin que dans leur propre cuisine !
C’est en direction de ces professionnels que sont tournées les innovations d’ETALMOBIL pour proposer des camions plus confortables, plus faciles à nettoyer –notamment avec plus de courbes et moins d’angles -, avec des coloris plus modernes. Les études de marché montrent que changer de camion-magasin pour un modèle plus moderne et plus attractif entraîne pour le commerçant ambulant déjà installé un gain important de chiffre d’affaires. Les banques sont prêts à financer un tel investissement (qui atteint parfois 120 000 ou 130 000 Euros HT).
A l’inverse les jeunes commerçants qui débutent ne peuvent pas s’offrir ces produits haut-de- gamme, créneau que se partagent principalement trois fabricants français, les concurrents principaux de ETALMOBIL étant basés respectivement à Lille et à Lyon. Paradoxalement, dans l’Europe communautaire ce secteur est en fait bien protégé, car la règlementation française comme celle de nos voisins est très draconienne concernant les homologations pour de tels véhicules. Ainsi il est nécessaire d’utiliser un châssis homologué par le Service des Mines en France pour pouvoir le transformer... ce qui limite la concurrence dans l’U.E. ETALMOBIL exporte certes un peu en Suisse et en Belgique mais pour cela doit faire venir des châssis déjà homologués dans ces pays puis y réexporter le camion-magasin ! Un exemple de la difficulté d’homologation concerne un des nouveaux brevets que l’entreprise ETALMOBIL a récemment obtenu : l’homologation d’un deuxième siège en hauteur situé derrière le conducteur et fixé de manière à ne pas perdre de place. Il a fallu pour cela se soumettre aux réglementations sur les crash-tests pour pouvoir, après avoir cassé trois véhicules, avoir enfin cette homologation et pouvoir exploiter ce brevet.
L’entreprise fabrique également des « Food Trucks » ultra modernes ces camions-restaurants ambulants dont les médias semblent considérer qu’ils ont beaucoup d’avenir... mais en fait c’est un segment minime de son activité dans la mesure où les jeunes qui débutent n’ont pas les moyens d’investir dans un tel type de camion haut de gamme et se rabattent sur le marché de l’occasion. Un mode de management issu de l’artisanat, sans niveaux intermédiaires d’encadrement, où les salariés sont associés à la conception du produit et intéressés aux résultats de l’entreprise. Depuis la reprise par le couple Prud’hom le chiffre d’affaire s’est envolé, l’entreprise est passée de 37 à 49 salariés.
Sur la base de châssis Citroën elle a réalisé ce C25
Et tout récemment, un Etalmobil Jumper/ Type H-2019, un joli clin d’œil au passé.
Sorti tout droit des ateliers de la société Etalmobil, située à Chatillon sur Thouet dans les Deux Sèvres, ce Citroën Jumper recouvert d’un kit Type H est du plus bel effet. Il n’est pas sans rappeler les origines de la société Etalmobil créée en 1955 par André Morin. En effet les premiers camions Etalmobil étaient des Citroën H aménagés pour les artisans et commerçants ambulants.
André Morin est décédé lundi 30 avril 2018 à l'âge de 87 ans, le voici lors d'une interview peu de temps avant :
Alors, comme d'habitude, un article, une miniature
Type HY Fourgon marchand ambulant carrossé par "ETALMOBIL" 1966 IXO / ALTAYA - "Les plus beaux véhicules utilitaires" N° 11 - 2021
(Modèle que j'ai obtenu grâce à mon ami Michel alias Axel 54 , Merci à lui )
photo du "vrai"
Légende "sovam hy 1969" sur le net
Sachant que SOVAM, comme tout bon carrossier, adaptait ses Etalmobils sur les châssis qu'on lui confiait sans exclusive comme on le fait encore pour les "food truck" !
A tantôt Alain
_________________ Citroën est entré dans l'histoire. La notoriété est le fruit de sa reconnaissance, la pérennité, le reflet de son adaptation.
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Sujet: Re: Citroën et la "SOVAM-ETALMOBIL" Lun 12 Sep - 13:09
aérodyne a écrit:
Bonjour a tous ,
Pour donner suite à l'article d'Alain au sujet de la Traction André Morin, voici quelques photos de la belle en réduction :
Modèle actuellement en vente sur Ebay mais malheureusement avec la mention "kit de marque inconnue" Si quequ'un en sait plus ...
bonne soirée
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Sujet: Re: Citroën et la "SOVAM-ETALMOBIL" Lun 12 Sep - 13:15
Bonjour Laurent,
j'avais zappé cette info
Effectivement, cela est une sympathique trouvaille qui nous fait penser qu'il est possible de réaliser concrètement cette voiture au 1/43 Vendue 252,57 EUR quand même
Le fait qu'il lui manque ses pare-chocs et sa galerie me fait penser que la miniature n'est pas neuve mais reproductible si un heureux producteur veut bien nous la sortir en petite série
A tantôt Alain
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