1994 - Citroën ZX cabriolet "Vent d'Ouest" par Heuliez

Citroën est l’un des seuls constructeurs automobiles européens à ne pas offrir de cabriolet dans sa gamme... Les citroënistes qui s’intéressent aux voitures ouvertes n’ont qu’à aller acheter ailleurs !, pouvait-on lire dans le magazine “Citroën Revue” N° 7 d’avril 1995. Tout cela pour en arriver au carrossier spécialisé dans la création de cabriolets sur base de voiture Citroën. Je veux parler de France Design Henri Heuliez qui a conçu quelques jolis modèles tels la Visa décapotable dont je vous ai déjà parlé.
Ici, nous verrons un autre superbe cabriolet dérivé de la berline 3 portes, le “Vent d’Ouest”. Parfaitement viable, mais qui n’a pas été commercialisé.

Chez Heuliez, à Cerizay, dans le Bocage vendéen, on a toujours élevé la discrétion au au rang de devise et, on a toujours eu un malin plaisir à se faire oublier ! Qui sait encore, pourtant, que chez Heuliez, on a réalisé, entre autres, la fabrication des breaks Citroën BX, CX, XM et Xantia... et que le groupe Henri Heuliez a développé parallèlement des concepts automobiles qui auraient pu être un jour dans les concessions. Le ZX Vent d’Ouest en était un !


Pourquoi, Heuliez a pensé à réaliser cette étude de cabriolet pour Citroën ? Eh ! bien, tout simplement, parce qu’il est un client et surtout parce qu’il est pratiquement le seul en Europe à ne pas en proposer.

Alors, pour bien faire dans ce projet, France Design s’est associé avec l’américain ASC, leader mondial du cabriolet. Le projet démarre ainsi en mars 1994, et on décide chez Heuliez de montrer son savoir-faire en créant ce cabriolet pour le Salon automobile d’octobre.


Le capotage est américain
Le temps imparti était court et le choix se porta sur la ZX 3 portes, la plus “facile” à transformer ; de plus, ce modèle se situait dans la gamme M1 des cabriolets du marché des années 90 (Renault 19, Golf...) et dans les prix que la clientèle des cabriolets était disposée à accepter.
D’ailleurs, dans son cahier des charges, France Design, se proposait d’offrir sur son stand une voiture accessible, un produit que l’on aurait pu voir circuler sur nos routes si le constructeur au double chevron l’avait vraiment voulu.
Le choix de la 3 portes n’était pas innocent, on se servirait des portes d’origine, une 4 portes aurait nécessité des modifications trop complexes pour être menées à bien dans le temps. Naturellement, cette modification de la ZX se faisait avec l’aval complet du constructeur qui offrait la voiture de départ. D’où la question récurrente, pourquoi, Citroën n’a pas accepté la commercialisation de ce cabriolet ?

Heuliez n’était pas à proprement parler un spécialiste du cabriolet et le problème numéro un de ce genre de voiture était le capotage. Pas question d’une tôle sur un système articulé trop dépassé. Non, à cette époque le client désirait un capotage électromécanique (sans hydraulique) qui se manœuvre à l’aide d’un simple bouton, en quelques secondes et automatiquement. Comme cela n’existait pas en France, Heuliez allait donc se tourner vers des mécanismes et un capotage de très haut de gamme existant outre-Atlantique, chez son partenaire ASC. En fait, on allait pratiquement construire la voiture autour de la capote qui était l’élément essentiel de cette automobile !

On se doute que l’adaptation du système a causé plus d’une migraine aux concepteurs de la Vent d’Ouest mais ils s’en sont admirablement tirés car la fermeture de cette capote est un petit miracle de technologie à en juger par les quatre photos ci-dessous.


Le tissu de la capote est (extérieur) en Happich brun foncé et (intérieur) en Hvac. La lunette arrière en verre est dégivrante.

Des maquettes en composite
On commence par faire deux maquettes, la première dite “maquette de style” permettait de juger des proportions et du style et, en parallèle, on fabriquait une “maquette d’habitabilité”, fonctionnelle, qui permettait de voir très vite en amont les diverses fonctions.

La fonction capote étant la plus importante car elle permettait d’établir un plan d’implantation définitif. Puis, on fabriqua la voiture en composite (raisons de délais et financières car une voiture en tôle coûte plus cher). De la maquette de style, on tira un négatif grandeur nature qui permettait de mouler en composite la caisse finale de la voiture.

Extérieurement, si la partie arrière était entièrement nouvelle, l’avant avait été ajusté au niveau du bouclier et des bandeaux latéraux pour donner une impression d’homogénéité de l’ensemble.

Sans aller jusqu’au prototype roulant, Heuliez désirait tout de même une maquette roulante. On transformera en l’adaptant le soubassement d’origine afin de lui conférer une résistance exceptionnelle, celle de tous les cabriolets de série. Il n’était pas prévu d’arceau de sécurité pour la raison simple que cette maquette roulante très élaborée n’était pas tenue à certains critères de sécurité. On ne sait pas comment la Vent d’Ouest se serait comporter au crash-test puisque ce n’était pas un prototype étudié en vue d’une production. Peu de cabriolets de ce niveau de gamme avaient un arceau, et la législation européenne de l’époque était moins draconienne que la législation américaine. Il n’y avait pas de “test tonneau” en France. Les bras de capote, quand celle-ci est fermée, participent à la rigidité de l’ensemble en cas de tonneau mais c’est négligeable par rapport à une structure métallique complète. Par ailleurs, la base et les montants jusqu’à la cassure du pare-brise sont renforcés pour participer à la rigidité générale.

Intérieur et habitabilité
France Design possédait son propre atelier de sellerie. Pour les sièges arrière, on est parti des structures existantes modifiées avec des mousses nouvelles spécifiques au cabriolet. L’avant comporte des sièges de série.

L’intérieur est mi-cuir mi-tissu, tous deux du commerce. Les stylistes de France Design auraient aimé aller plus loin avec des coloris et des matières personnalisés mais le temps de la réalisation ne le permettait pas. le mariage entre les deux genres est parfait et l’harmonie des teintes est... divin.


La Vent d’Ouest est une 4 places, 5 si l’on voulait y loger un enfant, en tout cas, trois ceintures étaient prévues à l’arrière.

Les glaces avant sont électriques ainsi que les petites glaces arrière. Ces dernières posèrent pas mal de tracas du fait d’un décrochement qu’il fallait leur faire subir pour les voir se positionner parfaitement dans l’alignement des glaces avant et de la capote. Enfin, il faut signaler que si l’empattement reste le même que celui de la ZX, l’arrière de la Vent d’Ouest est plus long avec un porte-à-faux de 13 cm.

La caisse en elle-même est entièrement en matériaux composites, même les pare-chocs arrière sont peints en trompe-l'œil façon caoutchouc et baguette alu. Les protège-flancs latéraux ont été adaptés de ceux de série. Des roues de 15 pouces en alliage brossé et au dessin agréable améliorent encore l’esthétique. La motorisation, haut de gamme, est naturellement à essence.

Dehors, sa robe métallisée qui oscille tantôt vers le vieux rose soutenu et la framboise éclatante est plus belle encore qu’au Mondial où les lampes ne rendaient pas parfaitement sa teinte.


Le choix était particulièrement osé mais c’est une absolue réussite dans la grisaille de ce que nous offraient les constructeurs de l’époque.

Commercialiser la Vent d’Ouest ?
Pour répondre à la question qui fut maintes fois posée sur le stand Heuliez au Mondial de l’automobile 1994 - pourquoi la ZX Vent d’Ouest ne sera pas produite ? - Il existait trois réponse majeures : elle viendrait en concurrence directe avec la très belle Peugeot 306 cabriolet, sa cousine. Son absence d’arceau implique des modifications d’infrastructure et de soubassement telles que, vu sa faible production potentielle, la Vent d’Ouest serait horriblement chère. La ZX avait déjà quatre ans et créer des outillages de production prendrait 2 à 3 ans ; on se doute qu’elle aurait été en fin de carrière.

On pourrait se demander pourquoi, à l’instar d’un Chapron, Heuliez ne pouvait pas fabriquer de son propre chef une petite série de la Vent d’Ouest. Mais, outre le prix, les structures industrielle du groupe étaient trop importantes pour cela.  

ZX Vent d'Ouest Prototype Cabriolet 2+2, collaboration ASC et Heuliez 1994 1/43 Marpytoy.

En attendant ma commande à Pierre de chez Marpytoys, Rob m'a fait parvenir une autre photo ! Merci l'ami !

La Citroën ZX cabriolet Vent d'Ouest de notre ami Christophe (St Hubert 92)


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